parler à coeur ouvert

Ryuji et Reira s'installèrent dans un coin très à l'écart dans le parc, pour ne pas être dérangés. Ryuji se sentait nerveux sans bien savoir pourquoi. Il regardait la mince silhouette de Reira qui semblait à peine toucher le sol lorsqu'elle marchait devant lui.

Ils s'assirent dans l'herbe fraîche, à l'ombre d'un magnolia fleuri.

[Tu crées de ces titres de posts aujourd'hui, toi ! T'es d'humeur romantique O_o]

Reira s'était assise ni trop loin, ni trop près de Ryuji, en prenant soin de ne pas le toucher. Elle sentait sans savoir pourquoi qu'il avait besoin de cette distance. Comme Ryuji ne disait mot de ce qui occupait tant ses pensées, elle prit entre ses doigts une fleur de magnolia tombée de l'arbre. Celle-ci refleurit aussitôt entre ses doigts fins.

J'ai toujours aprécié ce pouvoir. Mais en même temps, il me laisse insatisfaite. Je peux faire naître des plantes où je le désire, les ressusciter en quelque sorte, je peux guérir un nombre incalculable de maladies et de blessures sans le moindre effort. Et pourtant je reste insatisfaite. Car la mort est la seule chose que les fleurs ne peuvent empêcher de passer. Si j'avais pu rappeler à la vie ceux qui m'ont été chers, mon existence en aurait été bouleversée. Et même si ma mission de servir la Déesse-Mère est importante, elle me paraît parfois dérisoire et stupide, suicidaire-même, dans certains moments de découragement.

Reira cessa de parler un instant, jouant avec la fleur entre ses mains.

Car pourquoi faire renaître une fleur semblable à mille autres, quand des êtres uniques disparaîssent sans espoir de retour ?

Reira regarda l'eau de la rivière couler, se reflétant dans ses yeux grands ouverts. Et pour la première fois, malgré la lumière du soleil jouant dans ses cheveux blonds et sur la peau lisse de son visage, elle parut presque vieille, et surtout fatiguée, exsangue, comme une source tarie.

Ryuji fut étonné que Reira ne le questionne pas sur son mal-être, mais parle calmement d'une douleur aussi profonde et intime. La confidence de Reira était sobre, pleine de dignité et de pudeur, mais on ressentait toute la détresse et les maux qu'elle avait pu voir et qu'elle ressentait encore actuellement. Devant tant de franchise et de dignité, Ryuji sentit que lui-aussi devait se montrer franc envers elle.

Il y a quelques années, j'étais encore adolescent, et je n'avais pas commencé mes voyages. J'étais très épris d'une jeune voisine de mon âge, Sudha. Elle était d'une beauté aérienne, divine, son rire résonnait comme des milliers de clochettes d'argent, son regard était pur comme l'eau de roche, ses cheveux plus brillants que la soie. Douce, si douce. Nous nous étions promis de nous marier, car nous nous aimions de tout notre coeur. Par la suite, j'ai voulu entreprendre mes voyages. Sudha m'y encourageait, disant qu'elle m'attendrait le temps qu'il faudrait pour que je vois tout ce que je désirais. Je suis parti, tiraillé entre mon désir de rester près d'elle et celui de découvrir le monde. Je lui écrivais souvent, lui envoyais des cadeaux des pays que je traversais, lui parlait de mes impressions, de mes souvenirs, de ma vie errante. De nombreux, trop nombreux mois s'écoulèrent. Je revins rassasié de paysages grandioses, de rencontres riches et spirituelles, et de souvenirs.

Admin Nombre de messages : 294 Age : 32 Date d'inscription : 19/04/2006

[hyuuuuuuuu hyuuuuuuuuuuu le kisu le kisu le kisu avec ou sans langue?
XD bon ok jme casse je vous laisse dans votre intimité]

Reira, surprise de savoir que Ryuji avait désiré se marier si jeune, l'écoutait attentivement, en froissant la fleur de magnolia dans ses doigts. Quand il se tut, elle murmura :

Ton coeur brûlait de tout raconter à Sudha, de partager avec elle les souvenirs de tes aventures. Tu t'es précipité, le coeur battant, vers sa maison, pour apprendre qu'elle n'y habitait plus.

Ryuji aquiesça aux propos de Reira.

Elle ne m'avait pas attendu. Quatre ou cinq mois après mon départ, un homme d'une riche famille commença à lui proposer le mariage. Elle fit mine de ne pas être intéressée, puis, petit à petit, se plut dans le tourbillon de fleurs, de bijoux, de soieries. Ses parents l'encouragèrent. Elle était mariée et attendait déjà un enfant quand je revins.

Ryuji serra les poings.

Mais depuis son mariage, elle se laissait aller. Sa beauté s'était ternie doucement, et son mari s'éprit d'une servante plus jeune qu'elle. Elle croulait sous la soie, les rubis, entourées de domestiques. Et quand je lui ai fait le reproche de ne pas m'avoir attendu :
"- Que pouvais-je attendre de plus venant de ta part que ce que mon mari m'a offert ?
- L'amour."

Ryuji sortit une photo de sa poche et la tendit à Reira.

Tu sais tout maintenant.

Reira prit silencieusement la photographie. Elle vit dessus une jeune fille très belle. Ses cheveux d'ébène cascadaient en boucles folles sur ses épaules. Son teint frais était de lys et de rose, ses yeux clairs comme des sources. Elle avait l'air d'une grande douceur, mais en même temps, consciente de sa beauté, de sa valeur.

Je ne peux pas purger ton esprit de ses anciens démons. Je n'ai pas ce pouvoir. Toi seul peut te guérir de ce poison du passé. Je ne peux que t'écouter.

Admin Nombre de messages : 294 Age : 32 Date d'inscription : 19/04/2006

[trop triste (se mouche)]

[Sayuri tu m'énerveuuuuuuuuuuhhhhhhhhh !! pour une fois que je suis romantique, larmoyant et que je fais preuve d'une âme sensible, bon sang !]

Je sais. Mais tu m'apportes plus que de l'écoute, Reira.

Ryuji se pencha vers Reira pour déposer un baiser léger sur sa joue.

J'ignore ce que sera demain, et après tout, je m'en contrefiche. Je ne veux même pas savoir comment mes sentiments auront évolué. Tout ce que je sais, c'est que je tiens fort à toi, et que je t'aime beaucoup.

[Ryuji sort du parc et se rend aux bains]

[Maiheuuuuuuuu je ne te permets pas de me souiller avec ta salive pleine de salmonelles dégoûtantes !!]

Reira, après le départ de Ryuji, resta quelques instants pensive. Elle avait toujours la photo de Sudha dans la main. Ryuji l'avait oubliée. Volontairement ? Elle ne le savait pas. Mais Reira, après avoir contemplé encore longtemps le visage sucré au sourire satisfait et arrogant, déchira la photo en menus morceaux qu'elle jeta dans une poubelle et partit.

[rentre chez elle]

新顔 Shin'gao Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 23/04/2006

[sayuri j'adore tes commentaires !!! XDD j'étais plié en deux à chaque fois ]